La neige n'arrête pas. Ça fait aujourd'hui la
troisième semaine qu'il neige sans cesse. Le soleil
est gris comme s'il voulait nous dire qu'il ne faut pas
même imaginer ce qu'il y a là, par-delà,
de l'autre coté, celui que l'on ne peut pas voir
d'ici. Trois semaines qui me semblent être un mois,
qui a l'air d'être une petite éternité.
C'est la couleur blanche qui donne cette impression, enfin,
je crois...
Tout est vidé par cette teinte, elle nous consume en
peignant tous nos rêves et inspirations en patience.
Ainsi, on nous conseille d'être prudents, de ne pas
nous dépêcher.
Prends ton temps ! Tu as toute la vie.

Depuis que j'avais dix ans, je rêvais toujours de la
neige. Même avant j'avais eu des pensées
blanches, qui ne m'avaient rien dit. Aujourd'hui je peux
dire que ces pensées n'avaient aucun rapport avec la
réalité. Maintenant, je sais qu'on ne peut pas
regarder le futur sans voir les vieux yeux qui nous
regardent en retour. Mais, peut-être qu'il y a des
exceptions ? Comme, par exemple, quand il neige.
Vous savez, non ? On ne peut pas marcher très vite,
les voitures vont doucement aussi ; le temps reste quelques
minutes chez lui, puis il sort, fait son travail mais rentre
tout le temps pour prendre une petite pause. Lui non plus,
il ne peut pas marcher très facilement !

Finalement, quand nous arrêtons complètement
tout ce que nous avons fait et nous nous soumettons, dans ce
moment là, la neige nous prend, elle ouvre la porte
de l'éternité et pendant un petit fragment de
temps elle nous laisse là, pour que nous puissions la
voir et l'apercevoir comme un autre style de temps.